Vivaldi, Vespro
LISTE D'ATTENTE OUVERTE: 081 24 70 60
Durée : environ 90 minutes, sans entracte
90 minutes sans entracte
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À Venise, le jeune Vivaldi peut admirer la grandiose basilique Saint-Marc, où son père violoniste joue pour le culte. L’espace monumental de l’église, ses mosaïques chatoyantes, ses motifs d’Orient et d’Occident marquent le musicien en devenir. S’il y laisse peu de traces à l’âge adulte, son œuvre sacrée reflète cette magnificence propre à la Sérénissime. Chœurs majestueux, airs sensuels expriment le souffle de l’Esprit sur la Cité des Doges.
Chantre de ce baroque solaire, Leonardo García Alarcón joint psaumes et cantiques en un programme de vêpres : du Dixit Dominus au Magnificat, l’office imaginaire rend le Prêtre roux à son berceau spirituel.
Antonio Vivaldi (1678 – 1741)
Vêpres pour Saint-Marc de Venise
Dixit Dominus RV 807
Confitebor tibi Domine RV 596
Beatus Vir RV 795
Magnificat RV 610
Laetatus sum RV 607
à Versailles le 14 janvier
à Anvers le 20 janvier
à Gand le 21 janvier
Antonio Vivaldi
— CAVEMA (@CHOIRNAMUR) January 17, 2023
VÊPRES POUR SAN MARCO DE VENISE
à Versailles le 14 janvier dernier
? 19 janvier 2023 - 20h // Grand Manège, Namur (COMPLET)
? 20 janvier 2023 - 20h // DE SINGEL International Arts Centre
? 21 janvier 2023 - 20h // Muziekcentrum De Bijloke Gent pic.twitter.com/fsp2tC5n3r
LA LIBRE, MARTINE DUMONT MERGEAY
Vivaldi fait rocker Versailles
Concert de feu, sous la direction trépidante de Leonardo Garcia Alarcon.
Et pourtant, ce sont des Vêpres…
Le concert avait donc lieu à la Chapelle du Château de Versailles, comble, dans le cadre de la foisonnante saison musicale dudit Château. Familiers des lieux, le Chœur de Chambre de Namur, le Millenium Orchestra et la Cappella Mediterranea accueillaient cinq luxueux solistes : les sopranos Mariana Flores et Sophie Junker, la mezzo Dara Savinova, le ténor Valerio Contaldo et le baryton Alejandro Merapfel.
Au programme : les Vêpres pour Saint-Marc de Venise, réduites pour la circonstance à quatre textes emblématiques, du Dixit Dominus au Magnificat, conclus chacun par le même verset (Gloria patri et filio, etc.) chaque fois plus éclatant. Et, d’emblée, l’on comprit les propos du chef : non seulement, la musique s’était emparée du public pour ne plus le lâcher mais nul, dans l’assemblée, n’aurait voulu s’en déprendre. Sur le plan purement physique, technique, énergétique, la performance était à tous les niveaux : chœurs fin prêts vocalisant à tout va, orchestre de virtuoses (le chef au clavecin) et solistes souverains allant et venant au gré des airs selon une mise en espace millimétrée. Mais il y avait plus, évidemment, en particulier l’émotion violente qui peut saisir le spectateur entraîné dans un inconnu qui le ravit, littéralement, et offre une expérience inédite, à la fois sensorielle et esthétique. Et la joie presque violente, et commune, qui, à Versailles, entraîna trois bis, dont un donné à front de public par un chœur lui-même ébahi. Exemple des vertus de cette immédiateté, si chère à Vivaldi (et à Leonardo Garcia Alarcon).
À retrouver les 19, 20 et 21 janvier, à Namur (Grand Manège), Anvers (deSingel) et Gand (Bijlocke). Infos : www.cavema.be
La beauté céleste des Vêpres de Vivaldi, de Versailles à Namur
Leonardo Garcia Alarcon et le Chœur de Chambre de Namur partent à la redécouverte d’un Vivaldi méconnu et sous-estimé. A voir ette semaine à Namur, Anvers et Gand.
Dès les premières secondes du Dixit Dominus, un élan formidable et redoutable qui emmène le public dans un tourbillon d’émotions. Qui capte immédiatement l’attention. Qui offre une énergie salvatrice alors que, dehors, les éléments se déchaînent.
Dans l’écrin grandiose de la Chapelle royale du Château de Versailles – dernier chantier de Louis XIV, achevé à la fin de son règne –, le chef argentin Leonardo Garcia Alarcon se produit avec son Millenium Orchestra, le Chœur de chambre de Namur et la Cappella Mediterranea dans un programme reconstituant un office de Vêpres de Vivaldi, tel que le compositeur aurait pu le présenter à San Marco. Une musique festive, longtemps sous-estimée, qui retrouve ici tout son éclat et toute sa flamboyance.
Pendant 1 h 20, Garcia Alarcon tient la barre avec une énergie débordante. La même que celle insufflée quelques heures plutôt lors de l’ultime répétition avant de prendre la scène. Le chef dirige, joue du clavecin, tape du pied puis chantonne pour emmener ses musiciens dans le Dixit Dominus, puis dans le Confitebor Tibi, le Beatus Vir, avant de conclure par le Magnificat. Sans temps mort ou presque. Sauf peut-être pour trouver des moments de suspension où le son résonne de manière céleste dans la Chapelle.
Une direction qui fait merveille, tant pour donner l’impulsion aux chœurs que pour emmener les musiciens – impressionnants dans ces partitions virtuoses ou pour guider les brillants solistes. Car la performance est réelle, ininterrompue et inondée par la joie, à l’image du sourire qui ne quitte pas le visage de Sophie Junker ou de l’énergie presque bestiale de Mariana Flores, deux sopranos faisant preuve d’une jolie complicité. A leurs côtés, la mezzo estonienne Dara Savinova ravit par son ton chaud et incarné, qui trouve une belle harmonie avec les ténors Valerio Contaldo et Frederico Projecto (issu du Chœur) dans le trio vocal du Confitebor Tibi. Alejandro Meerapfel impose quant à lui sa présence.
Une performance exquise, qui a pleinement conquis le public.
Vespro à San Marco, à découvrir ce jeudi 19 au Grand Manège à Namur, vendredi 20 au Singel à Anvers et samedi 21 janvier au Bijloke à Gand. Infos et réservations : www.cavema.be
A noter : la diffusion du concert à Versailles le 12 mars à 21 h sur Radio Classique. Le Chœur de Chambre de Namur se produira aussi dans Céphale et Procris, unique opéra d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, dirigé par Reinoud Van Mechelen à Bozar ce jeudi 19 et au Grand Manège de Namur le samedi 21 janvier.«Avec cette musique, il faut être dans le présent»
A la barre pour ces concerts, Leonardo Garcia Alarcon, un chef aussi dynamique que passionné.
Directeur artistique du Chœur de Chambre de Namur depuis 2010, mais aussi fondateur d’un ensemble (la Cappella Mediterranea) et d’un orchestre (le Millenium Orchestra), Leonardo Garcia Alarcon est un artiste passionné, devenu au fil du temps un spécialiste incontournable de la musique baroque.
Né en 2010, et présenté à l’époque au Festival d’Ambronay, ces Vespro à San Marco de Vivaldi est un projet de cœur qui permet au public de redécouvrir une part peut-être moins connue de l’œuvre du compositeur qui vit le jour à Venise en 1678. « Aujourd’hui, tout le monde connaît Vivaldi et il fait partie des dix compositeurs les plus joués dans le monde », expliquait le chef à la presse en marge du concert à Versailles. « Mais au XIXe siècle, il avait été complètement oublié. Ses Quatre Saisons aussi. Elles ont été redécouvertes au XXe, en même temps que d’autres pièces instrumentales, ce qui a suscité la colère de certains compositeurs comme Stravinsky, pour qui les 300 concertos de Vivaldi se ressemblaient. Mais en tant que musicien, c’est seulement en jouant les Quatre Saisons que je me suis rendu compte de la complexité de la pièce. On l’entend depuis toujours, mais en la jouant, on se rend compte de cette écriture complètement réfléchie pour décrire la nature.»
Une musique pétillante et énergique
Si sa musique instrumentale est célèbre, Vivaldi fut aussi un compositeur de musique vocale, d’opéras et de musique sacrée. Une musique avec laquelle il se familiarisera très tôt : enfant doué, il fut très vite admis à la chapelle des Doges auprès de son père, violoniste à Saint-Marc. Et c’est sous les coupoles de la basilique que ce violoniste virtuose fera ses premiers pas. Ensuite, tout au long de sa carrière à l’opéra, et parallèlement à sa carrière de chef, il composera beaucoup de musique sacrée et de nombreux motets destinés à l’Office des Vêpres, l’un des plus importants à Venise.
« L’idée de ce projet était de pouvoir jouer les pièces que je considérais comme les plus importantes de toute sa plume pour la musique sacrée », précise Garcia Alarcon. « Vespro à San Marco est une manière de dire, un jeu de mot, parce que Vivaldi ne composait pas pour San Marco (comme Monteverdi, par exemple). Par contre, Saint-Marc est le patron de Venise, donc il composait pour toutes les fêtes de Saint-Marc. »
Des œuvres écrites dans « la forme vénitienne », c’est-à-dire celle du concerto avec des voix, à la manière de ce que Bach avait fait dans ses Cantates. « Dans toutes les pièces que j’ai choisies, on voit que les airs ont une influence de l’opéra, du point de vue de la technique très virtuose. Mais le contrepoint est “à la Corelli”. On est devant des pièces qui demandent d’avoir une attitude à tout moment. Avec cette musique, il faut être dans le présent, sans essayer de chercher une motivation métaphysique. Une profondeur nostalgique ou quelque chose de mathématique. Vivaldi est vraiment dans la permanence absolue d’un rythme. Si on n’a pas cette attitude presque héroïque et physique pour la jouer, la musique disparaît. C’est quelque chose que l’on a pu voir avec beaucoup d’ensembles qui ont joué cette musique. Malheureusement, à un moment, beaucoup de personnes ne voulaient plus entendre la musique sacrée de Vivaldi. Or, si on joue cette musique avec des tempos beaucoup plus lents, elle perd tout son caractère. Elle a quelque chose de pétillant, et de spumante, qu’on ne retrouve pas dans la musique de beaucoup de sages claviéristes. Il y a une virtuosité instrumentale continue, redoutable pour les violonistes, qui ne nous permet pas de nous reposer. En tant que chef, je dois réagir immédiatement lorsque l’énergie tombe. »
Une musique qui, si c’était encore nécessaire, démontre le talent de compositeur de Vivaldi. « Dire que Vivaldi est un mauvais compositeur, c’est comme dire que Messi ne sait pas jouer au football », plaisante pour conclure le chef argentin sur un ton gentiment provocateur.
L'ÉCHO Valérie Colin
Les Vêpres vénitiennes font chanter Versailles
"Le Seigneur multipliera les cadavres, brisera les têtes sur la terre": en latin, les mots du verset belliqueux s'élancent à l'assaut de la Sainte Trinité, peinte en trompe-l'œil au faîte de la Chapelle royale – 44 mètres d'insolence sublime, plus haute que tous les bâtiments du château. Sur l'autel, sous l'orgue de Clicquot orné d'un joli roi David, Leonardo Garcia Alarcon exulte: sa main droite cravache les touches du clavecin, quand la gauche cornaque orchestre, solistes et chœur, à gestes amples et survoltés. Le chef se lève, se rassied. Frappe des pieds. Dit qu'"il le faut, toujours, pour réveiller les troupes". Que, sans cette lutte soutenue, "l'énergie viendrait à manquer". Que la musique de Vivaldi "flamboie et le bouleverse", autant que cet écrin où furent exécutés jadis les plus splendides motets de Lully, à la gloire de la France: "Dans le luxe palpite un petit souffle de vulgarité. J'essaie de ne pas être trop ému, de me concentrer sur le public, et sur l'acoustique" – excellente, en vérité, depuis que la moquette posée en novembre dernier recouvre les dalles de la nef principale. Vivaldi à Versailles, donc. Le monument de la virtuosité et de l'inventivité musicale au cœur du plus magistral chef-d'œuvre de l'architecture classique. Un mariage de feu et d’ors. D'emblée, on aimerait savoir si le prêtre roux, né à Venise en 1678 et mort (dans une misère extrême) à Vienne en 1741, aurait pu réellement jouer dans l'édifice achevé en 1710. Mais le mystère reste entier: personne n'oserait avancer que Vivaldi soit jamais passé par les Yvelines. Au moins serait-il possible que Louis XIV, XV ou XVI aient alors goûté à l'une de ses innombrables cantates sacrées? C'est peu probable, pareillement: durant ces règnes – et encore moins lors de la Querelle des Bouffons (1752), qui cristallise les critiques autour de l'italianisation de l'opéra – pas un seul monarque (ni résident du palais) n'aurait conçu que puisse s'y donner une musique autre que… française. Mais peu importe. L'art de Vivaldi sied au lieu, et au maestro suisse-argentin qui en est devenu, au fil des saisons, un hôte régulier (1).
Léger, pétillant, et très difficile
Cette fois, Leonardo Garcia Alarcon, 50 ans, chevalier incontesté de la planète baroque, a choisi, pour enchanter cette Chapelle royale, quatre motets qui reconstituent un (petit) office des Vêpres, comme Vivaldi aurait pu le présenter, en son temps, à la basilique Saint-Marc de Venise.
Servi au mieux par le Millenium Orchestra et le Chœur de Chambre de Namur (dont Alarcon a pris la direction en 2010), ce programme se révèle terriblement difficile pour les instrumentistes, en particulier pour les violonistes contraints à une agilité extrême, en raison du recours constant au concitato, ce "style agité" inventé par Claudio Monteverdi, fait de trilles et de trémolos ultrarapides. "C'est le décor de la colère et des émotions exacerbées", assure Alarcon. "C'est redoutable, confirme Eric Mathot, contrebassiste. C'est comme conduire une Lamborghini, aux accélérations fulgurantes…" Mais Vivaldi reste un esthète classique, un ange, pas un démon. "En dépit d'une exigence de précision physique quasiment héroïque, témoigne Alarcon, il y a chez lui quelque chose d'incomparable, d'immédiat, de spontané, de 'spumante' – de pétillant: Vivaldi est le Mozart du XVIIIᵉ siècle."
"Vivaldi est solaire"
Depuis l'enfance, ses fans fredonnent ses "Quatre saisons", hymne universel à la nature, tube absolu parmi les plus joués au monde, malgré ses immenses périls techniques. Reste l'extase. Dans le "Dixit Dominus" proposé ici (une découverte récente, qui fut attribuée à Baldassare Galuppi jusqu'en 2005) et le phénoménal "Magnificat", les cinq chanteurs (et le chœur, assimilé à un grand soliste) semblent planer d'une joie puissante et communicative. La soprano franco-belge Sophie Junker ne se départ pas d'un sourire. Bouche en cœur, son homologue argentine Mariana Flores danse sur place. Avec son petit ventre prometteur de vie, la mezzo estonienne Dara Savinova rayonne. "Les musiciens s'amusent aussi, témoigne l'un d'eux. Vivaldi est solaire. En hiver, il est notre cure de vitamine D." À la veille de diriger dans la Chapelle royale, Alarcon confiait ne pas être arrivé à trouver aisément le sommeil. Dans un post facebook, l'insomniaque exprimait encore, en pleine nuit, sa fascination sans bornes pour le compositeur de l'instantané, chéri de Bach, "qui nous permet de nous propulser à Venise, sans parcourir la moindre distance". Vivaldi rocke, assurément: en route pour la Sérénissime…
(1) Leonardo Garcia Alarcon dirigera ensuite "Le Couronnement de Poppée", de Claudio Monteverdi, du 28 au 31/1 à l'Opéra royal de Versailles. Le Chœur de Chambre de Namur donnera, quant à lui, "Céphale et Procris", d'Elisabeth Jacquet de La Guerre (direction Reinoud Van Mechelen), le 19/1 à Bozar, à Bruxelles, les 21/1 au Grand Manège à Namur et le 24/1 à la Grande salle des Croisades du Château de Versailles.
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement Fédéral de Belgique et d’Inver Tax Shelter . Une production de DC&J Création»